À l’âge de 30 ans, Ann fait un AVC (Accident Vasculaire Cérébral). Elle en ressort sévèrement paralysée et incapable de parler, les zones de son cerveau responsables de la voix ayant été trop endommagées. Elle intègre quelques années plus tard un protocole de recherche visant à utiliser une interface cerveau-machine pour lui rendre la parole. Les chercheurs déposent d’abord sur son cerveau un petit rectangle aussi fin qu’une feuille de papier. Sur sa surface, 253 électrodes reliées aux zones permettant de s’exprimer. Un petit boîtier sort du crâne de la patiente et permet de relier le tout à plusieurs ordinateurs.
Ann entraîne ensuite un algorithme d’intelligence artificielle en répétant pendant des semaines des phrases composées de 1024 mots de vocabulaire courant. L’IA elle, n’a besoin que d’apprendre les 39 phonèmes (éléments sonores d’un langage) de la langue anglaise. Pour synthétiser sa voix, les scientifiques se servent d’enregistrements d’Ann, notamment un discours prononcé à son mariage. Un avatar virtuel animé se charge de donner un visage à l’ensemble. En clair : une fois branchée, Ann pense à ce qu’elle veut dire, la machine interprète ses ondes cérébrales et la voix synthétique prononce les mots. Le visage de l’avatar lui, exprime les émotions.
UNE INTERFACE CERVEAU-MACHINE AIDÉE DE L’IA REND LEUR VOIX À DEUX FEMMES INCAPABLES DE PARLER
Actuellement, Ann arrive à une moyenne de 78 mots par minute (contre 160 pour une conversation classique), avec un taux d’erreur de 25 %. L’histoire de Pat est sensiblement la même, si ce n’est que c’est la Sclérose Latérale Amyotrophique (SLA) ou maladie de Charcot, qui la laisse sans voix. Dans son cas, la machine à laquelle son cerveau est branchée retranscrit sa pensée sous forme de texte, avec un taux d’erreur de 24 % environ sur 150 000 mots de vocabulaire.
La prochaine étape, en plus d’améliorer l’efficacité globale du système, est de le rendre sans fil et le moins encombrant possible. Ces avancées technologiques marquent un tournant majeur dans la prise en charge des personnes paralysées ou atteintes de maladies dégénératives. Les chercheurs sont conscients qu’ils sont encore loin d’une commercialisation à grande échelle, mais restent très confiants en l’avenir. En attendant de pouvoir communiquer par la pensée par exemple.