L’intelligence artificielle pourrait bien remplacer presque 8 millions de travailleurs dans un pays très proche de nous. Une étude révèle l’urgence d’agir en amont pour éviter ce qu’elle qualifie d’apocalypse de l’emploi.
L’intelligence artificielle a beau présenter de multiples avantages et faire avancer de nombreux domaines comme la médecine ou l’exploration spatiale, la question de son impact sur l’emploi reste centrale. Et il est déjà bien réel : ChatGPT a remplacé plusieurs travailleurs, tandis qu’en France, une entreprise se sépare de 217 employés au profit de l’IA. Tous le monde ou presque est concerné, même les professions supposément plus “humaines” comme les psychologues ou les curés. Au final, des centaines de millions d’emplois sont menacés par l’intelligence artificielle.
L’étude menée par l’Institut de recherche sur les politiques publiques (IPPR) n’est guère plus optimiste, même si elle laisse entrevoir une manière d’éviter le pire. En analysant 22 000 tâches couvrant tous les types de métiers au Royaume-Uni, les chercheurs concluent que 8 millions de travailleurs pourraient être remplacés par une IA dans les prochaines années.
Ce que l’IPPR qualifie “d’apocalypse” prendrait la forme de 2 vagues successives. La première a déjà commencé et touche 11 % des tâches actuellement effectuées par des humains. Les plus exposées sont par exemple la gestion d’une base de données, d’un emploi du temps ou encore d’un inventaire. La deuxième vague serait beaucoup plus violente et massive.
L’INTELLIGENCE ARTIFICIELLE MENACE JUSQU’À 8 MILLIONS D’EMPLOIS DANS CE PAYS
À terme, ce sont 59 % des tâches que l’IA pourrait faire à notre place selon le rapport. Si la première vague touche surtout les professions peu qualifiée, la deuxième impacterait même les professions faisant appel à la création ou à la maintenance. Une situation contre laquelle mettent en garde les équipes de l’IPPR, d’autant qu’elle ne générerait aucun gain de PIB (Produit Intérieur Brut) pour le pays, donc aucune production de richesse. Malgré ce que l’on pouvait imaginer, l’intérêt d’en arriver là serait nul.
“La question est désormais moins de savoir si l’IA peut être utile, mais plutôt de savoir à quelle vitesse et de quelle manière les employeurs l’utiliseront. L’histoire montre que la transition technologique peut être une aubaine si elle est bien gérée, ou peut se solder par une perturbation si elle se déroule sans contrôle. Mais la technologie n’est pas une fatalité et une apocalypse de l’emploi n’est pas inévitable […]”, rappelle Carsten Jung, économiste à l’institut. Car il est encore possible de prendre les bonnes décisions.
L’IA POURRAIT CONDUIRE À UNE “APOCALYPSE DE L’EMPLOI”, MAIS IL Y A UN MOYEN DE L’ÉVITER
Les projections de l’étude montrent que deux autres scénarios sont possibles, en fonction de la stratégie mise en place par le gouvernement concernant l’adoption progressive de l’IA dans le monde du travail. On pourrait limiter la casse en ne faisant disparaitre “que” 4,4 millions d’emploi, ce qui fera grimper le PIB du Royaume-Uni de 6,3 % en moyenne. Dans le meilleur des cas cependant, aucun poste n’est perdu et le PIB augmente de 13 %. Pour y arriver, il faut enrichir les professions menacées au lieu de les remplacer. L’idée est donc d’aboutir à un genre de cohabitation entre l’humain et l’IA, même dans les tâches où elle serait capable de faire à sa place.
L’IPPR parle ainsi de favoriser le développement des emplois “verts“, moins sujets à l’automatisation. Des mesures fiscales pourraient être mises en place pour inciter à l’enrichissement plutôt qu’au remplacement. Enfin, le rapport souligne l’importance de garantir une présence humaine sur les problématiques clés, comme celles en rapport avec la santé.
“Nous pourrions voir des emplois tels que rédacteur, graphiste et assistant personnel être fortement affectés par l’IA. La question est de savoir comment orienter le changement technologique de manière à créer de nouvelles opportunités d’emploi, une productivité accrue et des avantages économiques pour tous. Nous sommes à une période charnière et les décideurs politiques doivent élaborer de toute urgence une stratégie pour garantir que notre marché du travail s’adapte au 21e siècle, sans laisser des millions de personnes derrière“, résume Bhargav Srinivasa Desikan, chercheur à l’IPPR.