Comment les autorités luttent contre la cyber pédophilie en Belgique

2020-07-05 20:48:53

La cellule Child Abuse est une section qui travaille en Belgique, mais qui sert également de point de contact international. Côté international, la première directive de la cellule est de gérer l’information donnée par des contacts “policiers ou non-policiers des autres pays, via Interpol ou en bilatéral“, “et de les analyser“, explique Yves Goethals.

Sur le territoire belge, les équipes de Child Abuse sont la section d’appui pour les unités d’enquêtes partout dans le pays. Ils analysent les images qui ont été saisies. Ces policiers, qu’on appelle Zoomers, visionnent des images pour repérer et identifier des “abus sexuels d’enfants ou échanges de pédopornographie“, explique Yves Goethals. Ils s’appuient sur un logiciel d’analyse d’image pour automatiser ces recherches.

Analyse d’image sur Internet : déterminer le crime
Quand nous questionnons Yves Goethals sur l’intention d’identifier des “pédophiles” sur les images, le policier redéfinit les termes rapidement : “La pédophilie ce n’est pas un crime. Le crime c’est s’il y a abus sexuel d’enfant ou bien échange d’image pédopornographique. Pédophile en soi, c’est une sorte de maladie psychiatrique, le crime de pédophilie, cela n’existe pas“. Il s’agit donc d’identifier sur les images en ligne des faits d’abus sexuels avérés. Avec une frontière nette entre la publication et la distribution d’images pédopornographiques – qui est tout de même un crime – et l’abus sexuel un enfant mineur.

Avec les adresses IP, les équipes peuvent retrouver la personne à l’origine de la publication. “Quand on sait identifier la personne qui a distribué les photos, ce n’est pas nécessairement la personne qui abuse l’enfant sur les photos“, explique Yves Goethals.

Une multitude d’utilisateurs à surveiller
Les enquêtes n’aspirent donc pas à la simple détection et suppression de ces images pédopornographiques en ligne. Le retrait de ces photos serait quasi-inutile d’ailleurs. Si les autorités suppriment ces photos : “cela ne veut pas dire que les photos ont disparu d’internet. Si une personne, et souvent c’est plusieurs, a téléchargé les photos et les met autre part, nous pouvons tout recommencer” souligne Yves Goethals.

Dans le cas où un abus sexuel d’enfant est identifié sur une image en ligne, la peine varie en fonction des faits. En fonction de la catégorie d’âge – entre 16 et 18 ans, entre 14 et 16 ans, entre 13 et 10 et en dessous de 10 ans – les peines peuvent varier. “Avec des circonstances spécifiées dans la loi où la punition est minimum de X, et de maximum Y“, en fonction de la catégorie d’âge, explique Yves Goethals. “C’est le juge en effet qui va décider tout ça“, souligne-t-il. Une peine à laquelle peuvent s’ajouter des circonstances aggravantes : “en étant son professeur à l’école, en étant son parent, en étant un membre de la famille, en étant son entraineur dans une équipe de sport“, le présumé pédophile risque une peine “plus haute que normalement“.

Dans le cas où un individu distribue ou partage en ligne des images de pédopornographies, la loi prévoit entre 5 et 10 ans d’emprisonnement. S’il s’agit uniquement de téléchargement d’images, la peine pourra aller d’un mois jusqu’à 1 an.

Le démantèlement d’un réseau international qui a débuté en Belgique
En mars dernier, 4 suspects ont été condamnés par le tribunal belge. C’est 90 suspects au total qui ont été identifiés dans cette opération qui a permis de démanteler “un réseau mondial de maltraitance d’enfants avec des liens avec plus de 40 pays grâce à une enquête belge soutenue par Europol“. L’enquête avait débuté en Flandre, indique le communiqué.

“La police judiciaire fédérale belge a réussi à identifier 60 suspects (dont 24 en Belgique) et 40 victimes, ce qui porte le total réel à 90 suspects et 110 victimes“.

De nouvelles arrestations sont attendues dans plusieurs pays. D’autres suspects ont été condamnés ailleurs qu’en Belgique. “En Australie, un suspect a été condamné à 15 ans de prison”, indique le communiqué.


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